Le JDNews. Comment est née votre association ?
Adélaïde Villemain. Nous sommes partis d’un constat : il existe dans les écoles des filières manuelles, qui sont surtout liées à l’échec scolaire ou à l’orientation précoce des jeunes : ce sont des voies à côté. Nous avons décidé de lancer l’équivalent du « sport-études » ou « musique-études » de l’artisanat. La mission de notre association : favoriser l’intelligence de la main dans la scolarité des jeunes, en voie générale, comme une voie d’excellence au collège dans l’apprentissage. Il y a une vraie vertu de l’utilisation de la main : cela permet à l’élève de mémoriser, d’être fier de lui, d’augmenter sa capacité de concentration. Et puis, nous voulions aussi répondre à une problématique de métiers en tension sur le territoire français et participer à la reconstruction de la souveraineté économique du pays.
Quels sont les métiers dont vous parlez ?
À Deux Mains s’articule autour de quatre grandes familles de métiers : les « semeurs », sur les métiers de la terre, soit l’agriculture et les maraîchages, les « confectionneurs », sur les métiers de la mode pour la couture et la maroquinerie. Les « bâtisseurs », eux, travaillent le bois et la pierre avec des menuisiers et des tailleurs, et enfin les « ingénieux » découvrent la mécanique, autour de la robotique et du modélisme.
J’ai créé ce qui m’a manqué au collège
Tous les gestes sont transmis par des experts du métier, passionnés. Le résultat ? Construire un jardin potager, le cultiver, construire une voiture miniature pour comprendre tous les rouages techniques qu’il y a sous le capot, coudre un sac de sport… C’est extrêmement gratifiant pour les jeunes !
Concrètement, comment les cours s’organisent-ils ?
Les collégiens bénéficient de sections de deux heures à six heures par semaine, qui font partie intégrante de leur emploi du temps, toute l’année. Les élèves se déplacent aussi sur le terrain : ils vont visiter des entreprises, des ateliers, mais aussi des écoles de formation supérieure pour déjà pouvoir discerner un choix d’orientation. Honnêtement, j’aurais adoré faire ça. J’ai créé ce qui m’a manqué au collège !
Aujourd’hui, qui accompagnez-vous ?
Aujourd’hui, quatre collèges (en Bourgogne, Pays de la Loire, Île-de-France et Hauts-de-France) possèdent désormais une section manuelle, soit 250 jeunes. Les chefs d’établissements s’enthousiasment pour notre proposition, et nous sommes déjà en discussion avec une trentaine d’autres collèges. Les besoins sont là. Notre objectif, à terme : une section manuelle dans tous les collèges de France !
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